|
AVANT-PROPOS
Nous vivons à l'âge des paradoxes. Nous avons construit des villes magnifiques, et des armes effrayantes pour les détruire ; nous voyageons toujours plus rapidement, et n'avons pas une seconde pour nous détendre ; la science et la technologie ont mis à notre service d'innombrables outils, mais aucun d'entre eux ne nous a guéris de notre tension et de notre anxiété ; nos maisons sont belles, sans doute, mais nos foyers sont brisés ; nous vivons plus longtemps, mais la vieillesse est un fardeau souvent insupportable ; et, dernière exemple et non des moindres, nous avons échafaudé un fabuleux empire médical, mais des maladies nouvelles nous frappent et nous laissent désemparés. Y aurait-il, caché au fond de nous, quelque source de disharmonie qui aurait échappé à notre science et à notre conscience ? Il semblerait que nous ayons accordé une importance démesurée à notre vie extérieure, et négligé la conscience elle-même. Nous ne sommes pas suffisamment éveillés à notre vie intérieure qui seule, pourtant, en dernière analyse, détermine le degré de satisfaction que nous tirons de nos actions, et le bonheur que nous trouvons dans la vie. Comme l'a dit un grand sage, on peut dépenser des millions pour se construire une chambre à coucher luxueuse, mais sans la moindre garantie d'y pouvoir dormir une heure en paix. A ce jour, nous n'avons pas encore réussi à maîtriser parfaitement toute la complexité de notre corps physique. Certains voient en celui-ci une forme matérielle que notre conscience, notre esprit, essaie d'utiliser à ses fins et de gouverner ; d'autres supposent que la matière est elle-même une forme de conscience. On peut en débattre, mais on ne saurait nier le fait que la frontière subtile où tous deux se rencontrent - le corps matériel et l'esprit qui y demeure - représente l'élément primordial de leur coexistence. Les physiciens de l'Inde antique, qui étaient aussi des Rishis, des Voyants de la Vérité, avaient percé les
secrets de notre être, de sa nature et de sa structure, en découvrant dans notre système nerveux le lien vital qui unit la matière et l'esprit. Shri Kalu Sarkar, qui a judicieusement réuni les textes de Sri Aurobindo et de la Mère présentés dans cette anthologie, et qui en explique la portée dans son introduction, a étudié divers systèmes de médecine douce et mis au point des thérapies efficaces qui ont bénéficié à de nombreuses personnes, en Inde comme à l'étranger. Il a hérité de l'idéalisme de son père, Shri Sudhir Sarcar, un homme exceptionnel qui eut le rare privilège de suivre Sri Aurobindo durant la période révolutionnaire de sa vie, quand il luttait pour l'indépendance de l'Inde, et plus tard, à Pondichéry, quand il décida de se consacrer entièrement au Yoga. Shri Kalu Sarkar a mis généreusement ses dons au service de tous ceux qui viennent le consulter au département de physiothérapie qu'il dirige à l'Ashram de Sri Aurobindo. A n'en pas douter, ces textes éclaireront nombre de questions d'ordre psychophysique que nous nous posons tous avec de plus en plus d'acuité. Les principes fondamentaux de digipuncture expliqués dans ce recueil, et les illustrations qui les accompagnent, serviront de guide pratique à tous ceux qui souhaitent se mettre en quête de la connaissance intérieure, seul fondement sûr de la santé intégrale et du bonheur qui l'accompagne.
Manoj Das
(Shri Manoj Das, Professeur de Littérature anglaise au Centre International d'Education Sri Aurobindo, Pondichéry, est un écrivain indien de grand renom. Lauréat du Padma Shri, l'une des plus hautes distinctions nationales, il a reçu divers prix et récompenses pour sa contribution à la littérature, notammant celui décerné par la célèbre Sahitya Akademi.)
|